Les villages de Waraniéné et Katia produisent des vêtements, des accessoires et du linge de maison, faits à partir de bandes tissées, de 12 à 20 cm de large.
Le tissage se fait sur une structure rudimentaire, composée d’un cadre fixe en bois, dans lequel le tisserand insère chaque matin son appareil de fils, avec les lisses, le peigne, et la barre d’enroulement. Il tisse à partir de fils en coton produits localement et filés et teints industriellement. Il existe toutefois du fil filé à la main, toujours par des femmes. Ce fil est plus dur à tisser car plus fragile mais donne au final un rendu beaucoup plus doux et agréable à porter.
Les motifs insérés dans la trame sont tous faits de mémoire, et un bon tisserand peut posséder jusqu'à 80 motifs différents ! Certains motifs anciens peuvent être complexes et signent ainsi l'expertise du tisserand.
Une technique d'afrique de l'Ouest
Tout le tissage en Afrique de l’ouest partage des caractéristiques communes : activité de tradition masculine, se faisant par bandes de 12 à 20 - 22 cm selon les ethnies, sur du coton principalement, et selon la technique du brocart pour l’insertion des motifs.
Dans le Nord de la Côte d’Ivoire, le tissage est apparu au XVIIè siècle, probablement apporté par les routes intérieures depuis l'Egypte ancienne. Depuis cette époque, ce sont les hommes d'ethnie "dioula", venus du royaume de Kong, qui pratiquent cet artisanat.
A l'origine, les motifs tissés étaient liées aux usages des vêtements selon les événements : fêtes d'initiation, mariages... les linceuls restaient toujours blancs. Ces motifs portent des noms évocateurs comme "dents de panthère", "cauris" ou "peau d'ananas".
Une histoire familiale
Chaque famille peut compter un ou plusieurs tisserands qui, au début, tissent pour le compte du père avant de pouvoir s’installer à leur compte. À Waraniéné, les tisserands bénéficient depuis peu d’un vaste hangar où ils peuvent travailler sans être brûlés par le soleil ni dérangés par la pluie. Les femmes filent le coton et interviennent pour assembler des bandes au crochet, afin de confectionner certains vêtements. Structurés en groupement coopératif depuis les années 60, ils sont plus de 400 membres aujourd’hui.
A titre d'exemple, un tisserand achète 3 kg de coton pour tisser suffisamment de bandes de 12 à 14 cm de large afin de réaliser une nappe de 12 couverts. Selon les motifs choisis, il lui faudra environ 3 jours pour la réaliser.